Un territoire soumis à de fortes pressions économiques
 Le Parc a été créé à l’origine sous le nom de « PNR de Brotonne » afin de maintenir une coupure verte (la forêt domaniale de Brotonne) entre les deux grands pôles industriels et urbains du Havre et de Rouen. Sa constitution en 1974 a également permis de contenir le développement de ces pôles afin de préserver les espaces naturels.
En effet, de fortes et multiples pressions se concentrent sur le territoire et s’imposent à la fragilité des milieux. Les activités industrialo-portuaires, les industries lourdes de Lillebonne-Gravenchon, les pressions urbaines économiques et foncières de Rouen et du Havre (les deux premières villes de Haute-Normandie), présentent de forts enjeux économiques complexifiant les actions positives en faveur des zones humides. Il est rare qu’un territoire de Parc ait à assurer la coexistence entre des activités portuaires et industrielles si fortes et un patrimoine naturel si riche.
Le Parc s’attache néanmoins à travailler avec les Ports de Rouen et du Havre ou avec les carriers sur certains projets où il existe des convergences d’intérêt. Le Parc mène également avec ces acteurs un programme de reconquête paysagère de la Boucle d’Anneville (Cf. Fiche Action « Reconquête Paysagère de la Boucle d’Anneville »).
L’agriculture fait également partie des activités économiques exerçant une pression sur le territoire du Parc dans la mesure où elle est de nature intensive. Les exploitations agricoles du Parc sont généralement d’importantes structures de polyculture/élevage dont les produits sont destinés à l’export. Il s’agit d’une agriculture industrielle qui n’éprouve pas le besoin de se développer au niveau local (filières courtes, Marque Parc…). Les circuits courts fonctionnent majoritairement pour l’arboriculture, le long de la Route des Fruits.
Le Parc est animateur des MAET sur le territoire. Il a œuvré au développement de mesures sur les prairies humides, y compris hors réseau Natura 2000, financées par l’Agence de l’Eau Seine Normandie (action similaire à la « Stratégie ZAP » menée par le PNR de la Forêt d’Orient(1) ).
Des zones humides au cœur du territoire et des actions du Parc
Depuis le changement de nom de « Parc de Brotonne » en « Parc des Boucles de la Seine Normande », la logique a évolué du maintien d’un « poumon vert » à la recherche d’un équilibre centré autour de la Seine, ses ressources naturelles et culturelles. Les zones humides sont devenues un axe fondamental dans la politique d’action du Parc. Depuis les boucles de la Seine aval jusqu’à la réserve naturelle, en passant par la région du Marais Vernier et la vallée de la Risle, elles forment une continuité entre Rouen et l’estuaire. La vallée de la Seine et ses problématiques ont donc été replacées au cœur des enjeux du territoire et forgent aujourd’hui l’identité même du Parc.
Avec 21% de sa superficie en zones humides (soit plus de 10 fois la proportion nationale), le Parc affiche depuis la révision de la Charte en 2001, une véritable politique en faveur de ces milieux. Pour la première fois depuis sa création, les enjeux sur les zones humides sont clairement établis et les moyens financiers pour réaliser les actions déployés. Au sein de la Charte, l’objectif n°2 « Ménager le territoire par une gestion adaptée des milieux naturels et des paysages » comprend un volet de 10 pages « Les zones humides, une priorité pour le Parc Naturel Régional des Boucles de la Seine normande ».
Différentes orientations y sont développées : connaissance des zones humides du Parc, gestion directe par le Parc de zones humides pour son propre compte ou pour le compte de tiers, mise en place de protections administratives supplémentaires, mise en œuvre d’un programme de reconquête et de reconversion (reconquête des anciennes carrières, désenvasement de la Grand’Mare du Marais Vernier, réhabilitation de populicultures en prairies…), collaboration participative avec les acteurs locaux (agriculteurs et chasseurs sont les principaux partenaires en zones humides), développement d’une pédagogie spécifique aux zones humides et à l’eau…
Afin d’agir en faveur de la préservation et de la valorisation des zones humides, et de manière à être au plus proche des problématiques locales et des acteurs, le Parc a mis en place en 2003 une cellule de suivi et d’actions (appelée DROZHERA à l’origine, elle est devenue une CATEM(2) en 2009). Cette dernière est animée par 7 chargés d’étude au Parc (Cf. Fiche Action « Cellule d’Assistance Technique à l’Entretien des Milieux).
Une stratégie particulière d’auto-gestion
Pour son compte ou pour le compte d’autres structures (conventions de gestion avec l’État, des collectivités ou des particuliers), le Parc gère directement environ 400 ha de zones humides d’importance majeure. Le Parc a défini sur ces sites, généralement abandonnés par l’agriculture, un modèle de gestion basé sur la mise en place d’un pâturage extensif à l’aide de races rustiques dont il est propriétaire. Cette politique d’auto-gestion est développée dans la Fiche Action « Auto-gestion des sites ».
(1) : Cf. Fiche Action « Préservation des prairies humides hors Natura 2000 » du PNR de la Forêt d’Orient
(2) : Cellule d’Assistance Technique à l’Entretien des Milieux |