Des marais soumis à une perte d’usage…
Auparavant, les briérons valorisaient économiquement les nombreuses ressources du marais : extraction de la tourbe, coupe du roseau pour la fabrication des traditionnels toits en chaume, utilisation de la vase pour fertiliser jardins et cultures, valorisation des surfaces par l’élevage… Toutes ces activités avaient permis d’entretenir les espaces et d’enrayer l’évolution naturelle du marais vers le comblement.
Cependant, ces pratiques se sont perdues au cours du 20e siècle. La population briéronne s’est petit à petit tournée vers les opportunités d’emplois aux revenus plus réguliers et plus élevés, notamment liées au développement économique en Basse Loire.
Au regard des surfaces occupées, l’agriculture et l’élevage sont encore très présents dans le marais. Mais le secteur agricole rencontre des difficultés, liées aux pressions urbaines et touristiques, aux conditions de travail difficiles en marais et à la faible rentabilité économique.
Sans cette exploitation des ressources du marais, on assiste à un vieillissement du milieu et une perte de la richesse écologique : envasement naturel, extension de la roselière, régression de la surface des plans d’eau (piardes et copis).
Pour enrayer cette tendance à l’atterrissement, il est nécessaire d’extraire mécaniquement la matière organique du marais, et de relancer l’exploitation économique qui permettra de recréer des milieux plus favorables à la faune et la flore.
…ainsi qu’au développement d’activités périphériques
Au delà de l’abandon des usages, le marais est également soumis à des pressions extérieures liées au développement économique et démographique, principalement au Sud du Parc : industrialisation en bordure de l’estuaire Loire et urbanisation de pôles urbains (St Nazaire, la Baule).
Les stations balnéaires de grande notoriété à l’ouest du Parc attirent également de nombreux touristes.
Le PNR de Brière est l’un des parcs les plus petits et les plus peuplés.
Une gestion de l’eau stratégique mais délicate
Les marais briérons constituent un ensemble hydraulique très complexe, rattachés au bassin versant du Brivet, dépassant le territoire du Parc. La gestion de l’eau au niveau des marais présente des enjeux importants en terme de qualité et de quantité.
Les marais peuvent être isolés de la Loire par un système de vannes et d’écluses construites en partie au début du 19e siècle. Il permet de réguler les eaux sur une fréquence annelle, et non plus journalière comme auparavant lorsque les marais étaient soumis aux influences de la marée. En hiver, les vannes sont ouvertes afin d’évacuer les eaux des crues (rôle d’écrêtement stratégique du marais), tandis qu’en été, les vannes sont fermées. En cas de besoin, l’introduction des eaux de la Loire permet un soutien d’étiage pour certains secteurs, mais la difficulté est d’assurer une réalimentation en eau de bonne qualité.
Durant la période hivernale, la qualité de l’eau des marais dépend fortement de celle provenant du bassin versant qui les alimente. Or, ce dernier connaît d’importantes évolutions, liées à l’attractivité du territoire. Un travail en intercommunalité est réalisé sur les documents d’urbanisme (SCOT, PLU) afin d’essayer de limiter l’imperméabilisation des sols.  
La gestion hydraulique est délicate, car il n’existe pas de système permettant de régler les niveaux d’eau à la parcelle, comme c’est le cas en Camargue par exemple. De plus, les conditions climatiques sont imprévisibles à moyen terme et les souhaits des usagers (chasseurs, pêcheurs, éleveurs, promeneurs…) ne sont pas toujours convergents.
Un Parc au cœur de son rôle d’expérimentation
Face à la problématique d’atterrissement, le Parc essaye de redonner une vocation économique aux secteurs abandonnés des marais. Les actions qu’il essaye de mettre en place sont souvent innovantes, expérimentales, car liées aux conditions bien particulières de cette zone humide : valorisation de la vase issue du curage des canaux (Cf. Fiche Action « Valorisation des vases issues du curage des canaux »), exploitation mécanique du roseau-chaume (Cf. Fiche Action « Valorisation économique du roseau »), étude de faisabilité sur l’utilisation du roseau en tant que source d’énergie à l’instar du bois-énergie, mise en place d’une Marque Parc pour la valorisation de la viande bovine (Cf. Fiche Action « Maintien de l’élevage et valorisation de la viande bovine du Parc »)…
Cependant, le Parc prend également en compte le rôle de stockage de carbone des zones non exploitées. Ces zones à l’abandon présentent un appauvrissement biologique à court et moyen terme, mais peuvent connaître un enrichissement et un intérêt écologique fort à long terme. Ces zones ne sont donc pas inintéressantes, et il convient de ne pas vouloir reconquérir tous les espaces à l’abandon à tout prix.
Le Parc de Brière est donc relativement performant dans son rôle de conduite d’actions expérimentales, avec toutes les difficultés de mise en route, de tâtonnements et les risques d’échec que cela comprend. |